Saturday, 11 December 2010
Portrait de Malcolm Lowry en poète par Caroline Sagot Duvaur
I recently came across this piece below by the French writer Caroline Sagot Duvauroux:
Le poème demande à être fabriqué en cèdre, à la hache
À la scie, au pied-de-biche, en deux coups de cuiller à pot
Entre brouette et arrosoir
Aileron tournant de la baleine geignarde
Poêle en fer réparé avant le thé
Au métal blanc, à coup de cisailles
Avec charbon de bois, sel, amiante et sel marin
Voilà pour l’établi.
Suit immédiatement :
Note pour un poème
Étudiez le verbe irrégulier to die
Voilà pour le sujet.
Si la mort (le vautour) peut voler pour l’amour de voler
est-il rien que la vie ne pût faire pour l’amour de mourir
Mourir en langue pongouée (c’est une langue du Gabon) ne se conjugue pas.
C’est le lieu qui se conjugue et te meurt. Tous les peintres sont pongoués. Et Malcolm Lowry du volcan est un peintre.
Et le lieu tue le consul pendant qu’Yvonne rejoint le lieu, les constellations.
Une géographie tue l’histoire, une géologie remplace les personnages, non pas les sujets. Qu’est-ce qu’un poème ? ça, une langue, dont chaque mot est un récit en deuil du surgissement, qui se rétracte et se déploie sur une page pour que surgisse l’à nouveau.
Et le volcan revendique le poème qui explose en milliers de lambeaux éparpillés sur l’espace du volcan. Le poème est devenu nucléaire, fissuré, cellule cancéreuse qui se nourrit de l’unité perdue.
Si on peut dire que Les fleurs du mal sont un roman (Michel Butor), on peut dire que le Volcan est un poème tant il est vrai que la langue du poème cherche avant tout, dans ses glissements lexicaux et analogiques, dans ses refrains désuets et ses énigmes, cherche sa faillite de langue, cherche le son, l’image, mieux, cherche le son du sens, l’allitération de l’obscur, échoue sur le mot qui se détache de la vision, comme une main d’œil, pour dire : mystère.
Mais Malcolm Lowry n’a pas dit son dernier mot ou du moins ne le sait pas. Il écrit des poèmes. Pourquoi ? Il veut des poèmes ! Il faut donner acte de ça. Les poèmes dont on dispose n’inventent pas de forme ni ne nous tombent comme des récompenses du grand volcan. Les récompenses du grand volcan sont dedans, détails disséminés, plaisir poétique qui vous regarde et qu’on chope à bourlinguer dans l’affaire. Mais les poèmes existent. C’est autre chose qui s’y cherche, du sens, du refus, l’audace d’une douceur, autre chose qui ne voit pas jour mais qui n’a pas renoncé à chercher.
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